Delfica, de Gérard de Nerval
La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l’olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour… qui toujours recommence?…
Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l’antique semence...
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours!
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique…
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin:
- Et rien n’a dérangé le sévère portique.
Le portique des Caryatides, Athènes (de J.F. Bradu)
Gérard de Nerval est né à Paris en 1808 et y est mort en 1855.
Ce poème est un sonnet qui fait partie des douze rassemblés dans Les Chimères.
