MANIFESTE POUR L’AVÈNEMENT D’UN PARADIGME CATASTROPHISTE
Les mystères de l’évolution immobile
Si vous êtes de ceux que passionne la recherche de nos origines perdues voici plus de dix mille ans dans un possible cataclysme planétaire survenu à la fin de l’Ère Glaciaire, il est probable que plus d’une fois un étrange sentiment contradictoire vous ait saisi.
D’abord, on sent la solution proche. La possibilité paraît très forte que des civilisations avancées aient existé à ces lointaines époques, puis aient été balayées de la Terre par diverses catastrophes d’ampleur mondiale. Les indices en ce sens sont légion, et il semble très probable que de nombreuses énigmes archéologiques puissent trouver leur solution dans la recherche de ces civilisations.
En dépit de certaines résistances compréhensibles, le monde scientifique s’ouvre progressivement à ces idées. Le progrès des moyens d’investigation génère rapidement de nouvelles connaissances. Elles permettent d’envisager que les anciennes légendes concernant ces événements renferment une part de vérité, qu’il convient alors de modéliser.
J’en veux pour preuve l’acceptation désormais générale que la Terre reste sous la menace d’impacts cosmiques qui peuvent expliquer la disparition des dinosaures. Autre nouveauté, les découvertes concernant la réalité d’une ancienne catastrophe diluvienne en Mer Noire. Ou encore la découverte de l’existence d’îles en face de Gibraltar et submergées à l’époque où Platon situe la fin de l’Atlantide, assortie de celle encore plus récente des traces d’un tsunami considérable qui s’est abattu sur le détroit voici un peu plus de 10.000 ans!
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On sait par exemple que des milliers de mammouths sibériens sont morts engloutis puis congelés dans une boue épaisse d’au moins une dizaine de mètres. Mais il n’est pas envisageable qu’une catastrophe climatique radicale se soit produite rapidement sur une telle étendue de terres. Non! Ils broutaient (des lichens subarctiques bien sûr, pas du fourrage, dont il leur fallait de grosses quantités quotidiennes), ils sont malencontreusement tombés dans une rivière ou un marécage et s’y sont noyés. Puis le marécage a gelé définitivement, sous un changement progressif du climat, c’est tout. Ou bien ils sont tous morts frappés par une mystérieuse épidémie, ainsi que l’affirme une théorie récente. Comme les tigres à dents de sabre, les rhinocéros laineux et les toxodontes d’Amérique? Pas de chance, vraiment! Les autres milliers de mammouths dont on retrouve les squelettes sur les fonds de la Manche et de la Mer du Nord ne peuvent pas avoir été piégés par une montée très brutale du niveau de la mer, voire un «tsunami», car un tel événement est réputé impossible à ces époques. Ils ont été surpris par une montée des eaux de quelques centimètres par an pendant quelques millénaires, et ils se sont tous noyés dans les marais, dans la même vallée, comme en Sibérie, voilà tout!
Évoquez simplement la possibilité que la civilisation disparue de l’Atlantide ait pu être, au-delà de la légende, une réalité située à l’emplacement des Açores, comme le décrit Platon dans son texte clair et précis. On vous opposera la certitude absolue que la dorsale médio atlantique, sur laquelle repose cet archipel, ne peut pas avoir été largement émergée, puis précipitée brutalement deux mille huit cents mètres plus bas. Le fond des mers est calme depuis longtemps, pas de place pour le «catastrophisme». Le modèle actuel de la tectonique des plaques interdit d’imaginer de tels mouvements verticaux de l’écorce terrestre. Seuls peuvent exister les mouvements de glissement des plaques supposées rigides de l’écorce terrestre sur le manteau visqueux supposé uniforme. Le fond des mers est presque exclusivement constitué de basalte extrudé entre les plaques sous la pression des «points chauds», le dogme affirme qu’il n’y existe pratiquement pas de matériaux «continentaux». Mais cela est souvent faux, en particulier dans les parages de la dorsale médio atlantique.
On oubliera soigneusement de dire que ce modèle ne colle pas au cas des Açores, un «point triple» où se rencontrent trois plaques océaniques. On ne sait pas localiser un point chaud précis en cet endroit, on ne sait pas localiser le passage exact de la faille est-ouest du système, on ne sait pas si une «micro plaque» existe en ces lieux. Mais toute autre vision moins restrictive que l’affrontement horizontal de deux plaques est totalement exclue. Et l’on affecte d’ignorer les divers éléments ramenés par plusieurs expéditions d’exploration menées du XIXe siècle à nos jours. Ils montrent que voici douze mille ans se trouvaient des terres émergées, où la dorsale médio atlantique gît à plus de deux mille mètres de fond. Il faudra bien un jour expliquer pourquoi. Mais on refuse encore de prendre en compte la possibilité d’importants mouvements verticaux de l’écorce, car cela reviendrait à abandonner ce cher modèle uniformitariste, et admettre la validité des thèses catastrophistes. Comme par exemple la fonte rapide des glaciers terrestres géants et l’augmentation très brutale de la masse d’eau pesant sur les fonds océaniques à la fin de l’Ère glaciaire. Comme la possibilité d’une expansion du volume, et donc de la surface de la Terre, ou encore un glissement global de la lithosphère sur l’asténosphère, qui permettraient de résoudre bien des contradictions du modèle dominant d’explication climatique et géophysique. Enfin, on minore l’importance de l’extraordinaire champ de cratères de Caroline aux USA, qui suggère un impact de comète majeur et récent (aux environs de douze mille ans) sur le fond de l’Atlantique, au nord de Porto-Rico (Fosse de Narès), et qui serait la cause possible d’une catastrophe mondiale. Un archipel posé sur la dorsale (comme l’est encore l’Islande), et si près du «chaudron», ne pourrait résister aux forces titanesques exercées alors sur le fragile équilibre de la jointure des plaques au centre de l’Atlantique.
Pour se consoler et ne pas affronter le dogme en face, les chercheurs les plus audacieux iront affirmer que le texte du philosophe grec a été mal traduit et qu’il plaçait en fait l’Atlantide en Crète, au Pôle Sud, et peut-être bientôt en Mandchourie. Ou bien on imagine de distordre les unités de temps pour rapprocher l’événement de l’époque de Platon, et donc de la nôtre. Tout plutôt que d’affronter le «gouffre du temps». Ce philosophe ne savait-il donc pas compter les années, était-il ignare en géographie, ou bien racontait-il si mal que l’on se perde ainsi en conjectures sur ce qu’il a voulu dire «en réalité»?
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Seul un basculement catastrophique de l’axe du globe, ou un glissement de l’écorce terrestre sur le magma peut expliquer cela. C’est la théorie que défendit des années cinquante aux années soixante le professeur d’histoire des sciences Charles Hapgood. Il éveilla l’intérêt d’Albert Einstein en particulier, et la froide hostilité du monde scientifique en général. («Les Mouvements de l’Écorce Terrestre», 1958).
Mais aucun sceptique «ultra-rationaliste» n’a pu trouver de parade aux étonnantes études du même Charles Hapgood, relatives au mystère des anciens portulans. («Les Cartes des Anciens Rois des Mers», 1966). Ces cartes datant des XIVe, XVe et XVIe siècles montrent avec précision des terres inconnues à ces époques, ou encore émergées alors qu’elles sont maintenant sous les eaux, ou les glaces, comme l’Antarctique, justement. Elles ont manifestement été bâties et compilées à partir d’originaux très anciens, mais inconnus à ce jour. Et qui a pu cartographier la terre voici plus de dix mille ans avec une précision qui exigeait la mesure précise des longitudes et l’emploi de la projection par trigonométrie sphérique, une expertise qui ne fut acquise qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle, alors que l’Antarctique ne fut découverte qu’au XIXe siècle, et seulement explorée au XXe?
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En ce qui concerne les anciennes civilisations perdues dans les brumes des débuts de l’Histoire, tout est désormais clair, explicable, et codifié. Pas de mystère, ce mot sent trop l’irrationnel.
On vous dira que les lignes de Nazca du désert côtier Péruvien ont été tracées par le «peuple Nazca».
Quant à l’étrange «cité des Dieux» du Mexique ancien, Theotihuacan, dont la pyramide du Soleil possède une base de mêmes dimensions, et une hauteur exactement égale à la moitié que celle de Keops, on est certain qu’elle fut bâtie beaucoup plus tard par des «Theotihuacans», et qu’il n’y a aucun rapport imaginable avec Gizeh. Tout est simple!
L’énigmatique cité de Tiahuanaco, en Bolivie, dont certains éléments suggèrent que c’était un port, se trouve maintenant à plusieurs kilomètres du Lac Titicaca, et présente les traces d’une agriculture organisée à une altitude qui la rendrait aujourd’hui impraticable. Les traditions locales, ainsi que celles des Incas, affirment qu’elle fut construite par des «Dieux», puis détruite par un «Déluge», et habitée ensuite par le Dieu civilisateur Viracocha. Son architecture étrange, de nature géométrique et dépouillée, ainsi que l’existence de statues au physique caucasien devraient interpeller tout esprit curieux. Mais on affirme que sa construction ne date que des premiers siècles de notre ère, par un peuple nommé bien sûr «Tihuanacan». Donc, tout va bien, rien ne bouge!
Les alignements de Carnac en Bretagne, dont on ignore encore la raison d’être et l’âge exact, ont été érigés avant l’arrivée des Celtes par des populations dont on ne sait quasiment rien! Curieusement, on dispose de plus d’informations sur leurs ancêtres d’il y a trente mille ans. On évoquera pudiquement le «hiatus néolithique». Mais toute spéculation, même logique et rationnelle, visant à une remise en cause du dogme de l’âge relativement récent et de la destination funéraire de la quasi-totalité des mégalithes est «hérétique». Tout a été découvert, jugé, et expliqué. Qu’on se le dise!
Examinez les trois énormes pavés monolithiques de plus de vingt mètres de long et de presque mille tonnes chacun, qui forment le soubassement des temples Romains de Baalbek, au Liban.
La plupart des archéologues sont violemment opposés à l’hypothèse d’anciennes civilisations avancées dans un lointain passé, qu’ils qualifient «d’imposture». Alors ils nous expliquent que ces dalles colossales ont été mises en place côte-à-côte, jointives, et à l’horizontale, par les Romains eux-mêmes. Certes, ils étaient maîtres architectes et ingénieurs capables de transporter et d’ériger des masses énormes. Leur record absolu fut l’obélisque de Thoutmosis IV, à Karnak. Transporté à Rome en 357 ap. J.C. et érigé au Circus Maximus, c’était le plus lourd de tous, pesant près de 450 tonnes! Mais contrairement à toutes les autres réalisations romaines d’importance, la terrasse de Baalbek n’est ni documentée, ni signée. Un fait très inhabituel! En outre, pourquoi s’obliger à manier de telles masses (trois fois le double de l’obélisque de St-Jean-de-Latran) pour un simple soubassement? Cet irrationalisme était étranger aux Romains, peuple pragmatique et dépourvu de mysticisme.
Il est cependant connu que les Égyptiens et les Hébreux savaient eux aussi tailler, transporter et mettre en place des blocs atteignant 500 tonnes. Mais pour les pierres géantes de Baalbek, record mondial absolu de 980 tonnes, personne ne sait vraiment qui, quand et pourquoi. Aucune réponse! Aucune preuve! Là aussi, une spéculation est devenue un dogme.
On évitera soigneusement de vous avouer qu’en fait, on ne sait quasiment pas répondre aux questions fondamentales posées par ces sites:
Construits par qui? Quand? Comment? Dans quel but?
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Ne vous êtes-vous jamais étonnés de l’extension mondiale de ce que l’on appelle les «mégalithes»? On appelle ainsi tous les monuments préhistoriques ou liés aux «premières» civilisations historiques, constitués de pierres énormes ou en très grande nombre.
Vous avez sûrement constaté que des cultes dédiés aux astres et provenant de la nuit des temps s’égrènent sur toute notre planète, en suivant la chaîne des mégalithes, des pyramides et des temples cyclopéens. Sachez alors que l’archéologie cantonne presque exclusivement tous ces monuments à des fonctions funéraires ou à des cultes des ancêtres, ou bien ce sont des forteresses. Pour la majorité des archéologues, quasiment toutes les pyramides, tous les dolmens, tous les cairns, tous les cromlechs, tous les menhirs, sont des tombes et des commémorations de défunts. Pourtant, il est notable que les cultes du soleil, de la lune et des étoiles étaient répandus chez tous les peuples anciens de notre planète, en même temps, il est vrai, que des cultes funéraires, ou de divinités locales. L’un n’exclut pas forcément l’autre. Il est évident qu’une partie importante des dolmens et des cairns étaient des temples avant de devenir des tombes, et beaucoup n’ont jamais contenu de sépultures. Il n’existe aucune preuve absolue que les pyramides de Gizeh aient été des tombeaux permanents et définitifs.
Quant aux menhirs, si certains d’entre eux, de forme anthropomorphe, représentent des «ancêtres» ou des «dieux», la plupart servaient d’autres desseins. Beaucoup sont disposés suivant des alignements de visées célestes, en lignes ou en cercles. Ces architectures témoignent de surprenantes connaissances de géométrie et d’astronomie, en décalage évident avec l’histoire officielle de l’évolution des sciences. D’autres menhirs servaient de marqueurs ou de délimiteurs géographiques. Ils balisaient des voies, terrestres ou maritimes, marquaient ou délimitaient des sites sacrés de tous types. Il en est même qui furent érigés sur des cairns funéraires! L’existence de ces réseaux de marqueurs indique aussi des connaissances en géographie. Enfin, il existe une possibilité les peuples anciens aient eu une connaissance fine des caractéristiques électromagnétiques de notre planète, de ses éléments terre, air et eau. Certains chercheurs pensent que nombre de menhirs étaient implantés en des points précis, aux nœuds d’intersection de lignes «équipotentielles» appartenant à un réseau maillé, dont l’effet local sur les caractéristiques électrochimiques du sol, des écoulements d’eau, et la qualité d’ionisation de l’air demandait à être particulièrement contrôlé, stabilisé et équilibré dans certaines zones. Une sorte d’acupuncture écologique. On peut en sourire, mais il ne faut pas oublier les légendes tenaces sur nombre de propriétés thérapeutiques bénéfiques attribuées aux menhirs par la culture populaire ancienne des diverses régions de France.
Tous les éléments que je soumets au lecteur sont connus, mais ils méritent d’être rappelés ici, tous réunis, afin que l’on réalise à quel point le consensus culturel contemporain ignore ou est incapable de prendre en compte une importante partie de la réalité de notre passé. Ce qui revient à comprendre à quel point le modèle actuellement admissible est réducteur, pauvre et incomplet.
Pour se dégager du sentiment de contradiction que l’on peut éprouver si l’on se prend d’intérêt pour ces questions, tout en conservant lucidité et esprit rationnel, il faut permettre à la somme d’indices et de preuves qui s’amoncellent constamment de rentrer dans un cadre général suffisamment structuré et synthétique. Il faut désormais cerner les solutions de façon globale, et il faut les guider vers ce cadre, afin qu’elles cessent de dériver inexorablement vers un horizon toujours fuyant. Pour cela, il faut donner à l’esprit un fil conducteur qui lui évite de s’égarer dans le labyrinthe des possibles, un «Fil d’Ariane» intellectuel, constitué de concepts étroitement entrelacés. Ce fil conducteur, à l’image de nos modernes fibres synthétiques, pourra être «multibrins» et «composite», afin d’être à la fois souple et solide. Il ne pourra être réalisé que par des individus convergeant vers une même quête de vérité. Et chacun pourra en tisser un brin. C’est un de ces modestes brins envisageables que cette étude se propose de tisser au fil de votre lecture.
Des civilisations disparues, une culture et un langage?
La grande question que l’on se pose à propos de ces monuments étranges et de ces connaissances inexpliquées dont ils témoignent est la suivante: Sont-ils l’expression d’une culture mondiale disparue? Car les mégalithes ne sont pas seulement à Stonehenge ou Carnac, on en trouve dans le monde entier.
Et qui dit civilisation, dit langage structuré. Avez-vous jamais remarqué les étranges similitudes de noms de peuples, de pays, et de sites anciens qui se répètent de part le monde?
Par exemple, est-ce un hasard si l’on retrouve Ra, le Dieu-Soleil, non seulement en Égypte, notamment dans le nom du Pharaon, mais aussi dans bien d’autres endroits du monde? Par exemple dans le Pacifique, à Raiatéa et Rapa-Nui, où se déroulaient des cultes solaires, dans le nom du cairn de Tara, le site solaire le plus sacré de l’ancienne Irlande, ou encore dans celui du temple solaire de Konaraka, en Inde, sans oublier ceux des divinités solaires Ahura-Mazda de l’ancienne Perse, et Ostara, déesse germanique de la fertilité, honorée au soleil levant d’équinoxe, d’où provient notre appellation contemporaine de l’est.
On encore, comment se fait-il que le mot Kar, Gar, ou Ker, que l’auteur Louis Charpentier a identifié comme le plus ancien mot voulant dire la pierre, se retrouve dans les noms des alignements de Carnac, des lignes de béliers de Karnak, dans le nom de l’état Indien du Karnataka, où se trouvent des alignements de pierres en un lieu nommé Hanamsagar, ou bien encore dans celui du site des cercles de pierre de Kerr-Batch, non loin de la ville de Dakar, alors que les Cairns solaires assortis de menhirs qui se trouvent dans les steppes du Kazakhstan et de Mongolie se nomment Kereksurs?
Et si vous faites remarquer que les cités observatoires Mayas nommées Itza (Izabal, Chichen-Itza, etc..) évoquent directement le mot basque Izarra qui veut dire étoile, on vous rétorquera que ce n’est qu’une coïncidence, car leur noms proviennent d’une ethnie nommée «Itza». Point! Et si la présence du Dieu Egyptien Thot, ou Theoutis, dans le nom de la cité de Theotihuacan vous étonne, au point d’imaginer quelque lien lointain, on vous conseillera de ne plus prêter attention à de telles élucubrations, sous peine de passer pour un niais un peu primaire.
Certes, si vous avez lu l’auteur Eric Guerrier et son ouvrage «Le Premier Testament des Dieux», vous savez que Illa est le plus ancien mot connu dans les langues sémitiques pour désigner le ciel sacré et lumineux de la divinité. D’où le nom de Babylone, Bab-Illanu, et celui donné à Allah. Dieu, le ciel divin et la lumière en un seul mot. Remarquez que le même mot Illa, Illu, a donné illuminé et illustre et aussi lumière dans notre langue.
Mais vous le retrouvez aussi en sanskrit, où l’expression Ta-La signifie le Monde d’en Haut, celui du ciel divin, par opposition au nôtre, celui des humains. Et vous découvrez alors que le troisième nom de Viracocha, présenté comme un «Zeus aux éclairs» à Tihuanaco, outre celui de Kon-Tiki, est Tonopa-Illa. Puis vous réalisez que le dieu celte de la lumière, Lug, pourrait avoir un rapport avec Illu, comme Apollon avec Illa. Enfin, vous constatez dans «Eden in the East, the drowned Continent of south-east Asia», du Dr. Stephen Oppenheimer, que Ilu signifie le firmament aux îles Samoa, et que Ilai est le Dieu Soleil chez les Torajas d’Indonésie.
C’est ainsi que de proche en en proche, j’en suis arrivé à me demander si un lien commun pouvait exister quelque part entre tous ces noms, dont la répétitivité persistante de part le monde, constatée au fil des Atlas géographiques et archéologiques, menait logiquement à exclure du jeu le bienveillant «Dieu Hasard» des sceptiques «ultra-rationalistes».
De ce fait, la deuxième grande question qu’il faut alors se poser est fondamentale. Se pourrait-il qu’un langage initiatique mondial, unique et oublié, ait «fédéré» tout cela, voici bien longtemps? La réponse à cette question est peut-être l’un des brins du «Fil d’Ariane» ordonné et structuré qu’il faut commencer de tresser dès maintenant. C’est le but de cette étude.
On peut sans difficulté explorer tout autour de notre globe une multitude sans fin de noms semblables à ceux que je viens de citer, de sorte qu’un véritable vertige intellectuel finit par se manifester, en prenant conscience de l’extension réellement immense que peut prendre l’application de cette hypothèse d’ancien langage sacré. Face à la déconcertante facilité avec laquelle on peut décoder ainsi, muni de cette clé, des centaines de noms d’anciens sites tout autour de la Terre, on se retrouve avec une alternative simple:
– Ou bien tout ceci n’est qu’illusion, jeu de l’esprit, et pur produit du hasard, la chance a voulu que les phonèmes «découverts» correspondent à un maximum de langues autour de la Terre, et s’appliquent partout.
– Ou bien les langues de la Terre entière possèdent des mots et expressions identiques et communs, permettant de nommer tous les lieux sacrés suivant les mêmes règles.
Cette dernière proposition implique:
– Soit l’existence d’une étroite communauté linguistique entre de nombreux peuples, qui marque un très ancien contact ou un «brassage» global à l’échelle mondiale, et forcément antérieur aux temps historiques. Mais ce sont là des liens généralisés que les linguistes n’ont jamais formellement établi.
– Soit l’existence d’un «méta-langage» artificiel, et «supra-national» créé et diffusé en des temps immémoriaux, et disparu en tant que tel à l’aube de l’histoire, quand les hommes oublièrent aussi les mégalithes.
À bien y regarder, il devait satisfaire à un ambitieux cahier des charges, qui fut résolu et appliqué pendant des millénaires. Imaginez un langage indépendant des langues usuelles, qui serait né du besoin de nommer de façon cohérente les concepts et les lieux d’un ensemble mondial de cultes solaires et stellaires, pratiqué par des peuples de races et de langues très différentes. Il devait donc pouvoir être compris et mémorisé sans ambiguïté par tous les peuples porteurs de sa culture, être prononçable dans toutes les langues concernées, et demeurer pérenne sans déformations ni dérives. Cela dura tant que les mégalithes furent des pierres «vivantes», porteuses du Mana, et permettant aux hommes de communiquer avec le ciel divin. Puis il tomba dans l’oubli, comme les grandes pierres.
D’un côté oublié comme outil opérationnel de communication, mais de l’autre préservé dans «l’inconscient culturel» des peuples, ce langage particulier semble avoir imprégné des milliers de noms de lieux et de divinités sur notre planète. Cela implique l’existence d’une ancienne culture qui a diffusé sur l’ensemble du globe en des temps dont le souvenir a été effacé de l’histoire, mais pas totalement de la mémoire des hommes, car elle survit encore dans les brumes des légendes et dans la toponymie contemporaine.
Nous partirons donc à la recherche de cette ancienne culture sacrée oubliée, qui, tout autour du monde, reliait pétroglyphes, mégalithes, pyramides et autres temples aux cultes solaires, lunaires et stellaires.
La conclusion sera que la toponymie mondiale est le reflet fidèle et persistant d’une très ancienne chaîne culturelle mondiale, et qu’elle remonte peut être aux temps antédiluviens. Si c’est le cas, le langage liturgique de ces cultes a survécu aux catastrophes diluviennes et s’est transmis à travers les millénaires. Il apparaît qu’il remonte à un temps très ancien car souvent, les peuples concernés par les sites ou légendes étudiées dans ce cadre précis ont totalement perdu la mémoire de l’origine des noms employés. Aucune trace. Les étymologies des noms étudiés sont souvent multiples, voire contradictoires, et il arrive qu’il n’y en ait pas. Et pourtant, une incroyable série de « coïncidences toponymiques » s’est déroulée sous mes yeux et sans effort particulier de transcription complexe.
En effet, non seulement la présence de l’ancien langage oublié est perceptible dans la toponymie des lieux traditionnellement sacrés comme dans les anciens cultes solaires/stellaires, mais encore il se rencontre souvent dans la mythologie des civilisations antiques.
Les peuples dont le terroir et les traditions portent la marque persistante de l’ancien langage oublié n’ont eu aucun contact historiquement rapporté entre eux, leurs cultures sont censées n’avoir eu aucune influence réciproque connue, et pourtant ils emploient partout les mêmes mots pour désigner les mêmes concepts, comme nous le verrons au cours de cette étude.
Son origine pourrait remonter aux temps dits pré- et proto-historiques, et cela impose une série de remarques liées:
Ce langage est le reflet de civilisations évoluées, en contact étroit, et capables d’exprimer et de fixer des concepts avancés (monothéisme, astronomie) dans un langage commun. Elles étaient capables de réalisations architecturales demandant un bon niveau technique.
Ces conditions supposent des échanges prolongés dans le temps et l’espace, des moyens de voyager, donc un bon niveau d’architecture navale et une connaissance forte de notre globe, de ses mers, et de son ciel. Il fut donc «diffusé» dès ces époques, et les «vestiges linguistiques» que nous découvrons, remontent obligatoirement, même de façon très indirecte, à ces lointaines époques.
Cette diffusion n’a pu s’opérer que par une chaîne continue de contacts entre cultures, ou par une «culture–vecteur» capable de parcourir le monde pendant très longtemps. Au choix, ou peut-être la solution participe-t-elle des deux hypothèses.
Cette définition caractérise un ensemble de civilisations ayant atteint un niveau de sciences et techniques sans doute comparable au XVIIIe siècle européen, juste avant l’aube de la révolution industrielle. Cependant, leur schéma culturel décrit dans le récit de Platon ainsi que dans les traditions de l’Inde et de la Grèce Antique se rapproche plus, par d’autres aspects culturels, de nos époques médiévales. L’histoire ne se répète jamais à l’identique.
Le célèbre mécanisme d’Antikythera prouve à lui seul que le chronomètre de marine que John Harrison inventa dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle aurait pu naître plus tôt. Et cet outil, créé pour parvenir enfin à mesurer les longitudes, joint au bon niveau de la marine à voile à cette époque, permit au Capitaine James Cook de parcourir et cartographier avec précision la plus grande partie de l’océan Pacifique. Il n’y eut pas besoin des moyens modernes de l’ère industrielle et technologique. Cela fut accompli sans avions, sans moteurs à vapeur, sans pétrole ni électricité, sans satellites ni ordinateurs. Il faut être à la fois lucide et prudent pour décréter ce qui était possible ou impossible dans les époques passées. Il n’est pas indispensable de disposer de toute l’infrastructure industrielle contemporaine pour mériter le titre de «civilisation avancée». Le télescope est né avant l’ère moderne. Comme la science de la cartographie.
Les étonnants portulans du Moyen-Âge et de la Renaissance apparaissent comme d’habiles compilations nécessairement basées sur des «documents sources» extrêmement précis et documentés, qui n’ont jamais été révélés, et dont la trace mène le plus souvent à l’ancienne bibliothèque d’Alexandrie. Mais les connaissances élevées en mathématiques et géographie qu’ils suggèrent ne correspondent pas au savoir de l’époque de Ptolémée. Ils ne peuvent provenir que d’une culture antérieure, qui ne peut s’être développée qu’en des temps très lointains, eu égard aux caractéristiques géographiques décrites, qui sont incompatibles avec la géographie actuelle, et correspondent à des époques vieilles de 8 à 15.000 ans avant notre ère. Sans cette hypothèse, comment expliquer la description géographique du prêtre égyptien de Saïs au législateur athénien Solon, telle que rapportée par Platon? Si le récit est vrai et exact, comme l’affirme fortement le philosophe, alors ce prêtre ne pouvait que décrire une carte de la Méditerranée et de l’Atlantique, qui s’étendait jusqu’en Amérique, et qu’il avait eu concrètement sous les yeux.
En toute logique, ces civilisations se sont développées pour finalement atteindre le niveau culturel et technique nécessaire qui seul peut expliquer toutes les anomalies inexplicables par le modèle du consensus dominant présent. Puis elles ont «presque» entièrement disparu durant les catastrophes survenues en chaîne à la fin de la dernière Ère Glaciaire, balayées de fond en comble, rasées, englouties. Quasiment pas de traces, du moins pas identifiables immédiatement et sans discussion.
Si le catastrophisme est une hypothèse erronée, leur existence est impossible. Mais il semble de plus en plus que le consensus actuel basé sur l’ancien actualisme de Lyell (XIXe siècle, pas récent!) et l’évolution Darwinienne (de plus en plus contestée) s’avère une impasse incapable de rendre compte de ses propres contradictions, et ce qui passait pour rêve et délire irrationnel tend à devenir un possible nouveau modèle de l’histoire des hommes.
Si les civilisations disparues peuvent constituer une hypothèse valable, alors l’existence de ce langage sacré ancien pourrait bien devenir une explication plus satisfaisante que le «Dieu-Hasard» ou son avatar moderne, le «Dieu-Statistiques», pour rendre compte de l’incroyable somme de coïncidences toponymiques et linguistiques que mon étude expose. Le présent texte ne peut prétendre à la qualification de scientifique, l’auteur, simple ingénieur, n’étant pas archéologue, ni historien, ni linguiste, ni géologue, ni astronome, ni océanologue. De plus, il ne comporte aucun engagement religieux ni politique d’aucune sorte et se veut simplement l’expression de la libre pensée de bon sens d’un «honnête homme». Cette quête requiert surtout un subtil mélange d’audace, de prudence et de rigueur intellectuelles, et l’emploi raisonné de la spéculation.
Car la recherche de ce langage hypothétique nous amènera à enfreindre les règles de base de la linguistique: nous établirons des liens entre des noms de villes, de lieux, et des patronymes de Dieux ou de rois issus de listes disparates et propres à diverses civilisations éloignées dans le temps et l’espace, et nous bâtirons des hypothèses à partir de petits groupes de noms limités.
Le savoir perdu que nous recherchons nous attend depuis des millénaires, dispersé sur notre planète tout au long de la chaîne mondiale des mégalithes, des pyramides et des temples anciens: il suffit d’écouter les légendes qu’ils nous racontent, de retenir les noms qu’ils nous confient, et de comprendre, enfin, le langage venu des temps où des pierres dressées et alignées parlaient aux astres. C’est pourquoi vous êtes invités à abandonner ici toutes certitudes académiques rigides, à assouplir votre esprit et réveiller votre imagination, tout en suivant le chemin indiqué par les fées Raison et Logique. Il est le mien depuis plusieurs années, et peut aussi devenir le vôtre.
Michel DEMARIA
Je remercie l’auteur qui m’a donné l’autorisation de reproduire ici l’introduction de son essai. Ne manquez pas d’aller lire le texte dans son intégralité sur le site: http://atlantides.free.fr